Liste

Encore un mardi, encore un autre, une couple de verres, une couple de filles, notre routine de haine à la routine. Force de, je pense qu’on devient un genre de vieux quatu-couple, un groupe d’habituées désabusées, toujours assises à la même place, au fond de la place. À la différence que juin est tout juste arrivé et que le soleil a commencé à pointer. Dehors pas trop loin des rues, les rayons chauds reflètent contre nos lunettes fumées et le vent de printemps fait valser nos cheveux. Ceux de Maxime me font particulièrement tripper, comme toujours hyper lisse, brillant et noir à vouloir se perdre dedans. Autour il y a des gens, pas mal de gens. C’est le début des terrasses sur Grande Allée et ça sent. Les filles jasent entre elles et moi j’observe. Je regarde autour, j’analyse les inconnus leur choix de consommations, leur attitude, leur habillement. Je me demande ce qu’ils font dans la vie, ce qui les amène ici, j’essaie de les deviner et de m’imaginer à quoi ressemble leur existence. Jusqu’à ce que j’en lâche mon jugement pour m’attacher à la conversation.

(Maxime) Les hommes n’ont pas de couilles en 2018. Ils sont passifs et intimidés devant la moindre parcelle de féminité assumée.

(Gaëlle) Ça fait longtemps que je vous le dis… !

(Alexine) Je ne suis plus capable de les voir faire leur petit coq pour être remarqués et fuir en courant dès qu’ils ont touché ce qu’ils convoitaient.

(M) Exactement comme nous tu veux dire?!  Ça va comment tes trucs toi d’ailleurs.

(A) Mauvais.  Délicieux pénis, idiot d’homme!

(M) Ash! Il t’aime trop?

(A) Ce n’est pas vraiment ça non.

Jade et Gaëlle tirent le regard sur nous sans trop comprendre à quoi ou plutôt à qui on réfère. Je n’ai aucune envie de raconter que je me suis enfilé Charles pour finalement me faire rejeter comme une pee-wee. Max sauve la mise, consciente du malaise dans lequel elle nous entraîne et qui plus est devant Gaëlle, elle fait glisser la conversation en levant son verre et en nous invitant à faire de même.

(M) Aux hommes qui habitent leurs couilles et qui savent faire jouir !

(G) Et aux femmes qui habitent leurs ovaires !

Sur ce, j’enfile une gorgée, plus grosse que je ne le devrais, plus vite qu’il ne le faudrait. Qui sait, à force de mouiller la petite voix en dedans qui réclame le cravaté elle va peut-être finir par se noyer en silence. Je termine mon verre et le claque contre la table.

(A) J’ai une idée!

Je me retire de la table et fais signe à la serveuse en lui souriant. Elle se dirige vers nous.

(A) Le genre d’idées qui nécessitent une couple de shots!

(M) Oh que j’aime cela!

Je commande huit petites tequilas à la brunette, huit parce que quatre ça ne suffirait pas.

(Jade) Oh doucement, j’ai déjà deux verres dans le corps et je dois retourner chez moi tantôt.

(G) Tu peux dormir chez moi.

(M) Ou avec moi.

(J) Merci, mais je vais avoir besoin de me changer et tout.

(G) Pas de stress, on fait la même taille et mes vêtements ont plus de classe que ceux de Maxime.

(M) Hey !

La serveuse nous dépose les shots. Chacune en prend un et l’enfile d’un trait. J’adore cette sensation, ça brûle, ça fait grimacer, mais on ne peut pas s’en passer.

(A) On fait une liste. Une bucket list pour l’été qui s’en vient.

Maxime me regarde par-dessus ses lunettes.

(M) Ah c’est mignon ça ma chérie, on se croirait dans une série américaine.

(A) Non non. Une to do list sexuelle.

D’un coup elle parait plus intéressée, délaissant son air arrogant pour faire place à la curiosité.

(A) Un plan d’action pour ne pas s’emmerder de la saison et pour ne pas se laisser gérer par messieurs les queues bandées. On se fait une wish list de chattes mouillées.

(M) Fuck oui !

(G)  L’art de prendre les choses en main.

Jade ne parle pas et reste en retrait. Elle nous écoute, mais ne recule pas. Pour une fois, j’ai l’impression que mes envolées de sexe addict ne la repoussent pas. Elle reste attentive.

(G) On met quoi là dedans?

(A) Ce qu’on veut !!!  Tout ce qui va nous faire triper, nous donner plein contrôle sur notre entrecuisse et nous donner la délicieuse sensation d’être en vie.

(M) Une liste collective?

(J) Je ne suis pas certaine qu’on ait les mêmes fantasmes.

(A) Oui, on coche tout ce qu’on fait et elle doit être vide à la fin de l’été.

(G) J’aime ça!!!

(M) GO !

Excitées, on enfile la deuxième tournée de Tequila. Et puis Jade commence.

(J) J’ai toujours rêvé de faire un striptease à mon mari, un vrai là. Quelque chose de bien chorégraphier, la bonne musique et qui dure une toune ou deux.

Le sourire au coin des lèvres, je sors mon Chromebook de mon sac, j’ouvre un nouveau document : Bucket list de la chatte mouillée et je note ce qu’elle vient de nous partager, en me disant que si même Jade la sagesse embarque dans notre trip, ça sera tout un été.

(G) Je ne suis jamais allée aux danseuses, alors me payer une couple de danse au Lady Mary Ann.

(A) Baiser un gars dont je ne connais même pas le prénom, mais dont j’aspire le sperme jusqu’à ma satisfaction.

(M) Baiser sur le toit d’un immeuble, ou sur un balcon à vue semi-dégagée, avec tous les passants dans la rue en bas qui m’entendent gémir.

(A) Échanger de l’argent contre du sexe, me sentir à ce point désirable qu’on veut m’acheter.

(M) Faire souffrir un homme, le rendre fou d’excitation, l’empêcher de se toucher pendant que je me donne en spectacle devant lui.

(J) Observer des gens en train de faire l’amour ou le faire aux côtés d’un couple qui fait pareil.

Maxime fait signe à la serveuse pendant que je note tout ce qu’on énonce. Sans retenue et sans censure, oubliant qu’on est entourées de gens, les idées défilent aussi vite et fort que la troisième série de shooters s’enfile. Si vite et avec tellement d’approbation l’une de l’autre que je ne sais bientôt plus quoi est à qui.

  • Avaler une gorgée de sperme dans un taxi.
  • Se faire pénétrer en pleine rue.
  • Un policier. Un militaire. Un pompier. Un gars en uniforme… Une figure d’autorité.
  • Dévierger quelqu’un.
  • Vivre en esprit de commune, un genre de all you can eat.
  • Être le secret d’un homme marié.
  • Se masturber avec un objet incongru.
  • Baiser une personnalité connue.
  • Un trio de femmes.
  • Le faire avec un aveugle.
  • Squirter au visage de quelqu’un.
  • etc.

Je note tout. La liste est longue. Un autre verre. Un autre fantasme. Cette soirée là ne fait plus aucun sens, exactement ce dont j’avais besoin. L’alcool a englouti tout ce qui me bouffait l’humeur en dedans. Le mari de Jade vient la chercher et Maxime et Gaëlle se partagent un Uber.  Le corps imbibé d’alcool, je préfère marcher, naïvement convaincu que l’exercice contribuera à me purifier le sang. J’avance sur René-Lévesque sans même prendre la peine de choisir la musique parfaite pour accompagner mon pas, la ville calme du mardi soir fait le travail. J’arrive au coin de la rue Cartier et j’allume la lumière de piéton, pourquoi ça je ne sais pas. Il n’y a plus un chat rendu là.

Un homme qui marchait derrière me rejoint et attends avec moi. Les cheveux bruns caramélisés en vague parfaite, le fond de barbe bien taillé, les mains tatouées, il a des airs de David Beckham. Je sais, je sais, c’est assurément l’alcool qui a embrouillé ma perception. Mais, sur le moment, ça me paraissait primordial de l’aborder et évidemment je l’ai fait cavalièrement.

(A) Tu as une belle gueule pour un mardi soir.

(Le gars pas de prénom) Tu as l’air un brin amochée de ta soirée, je me trompe.

(A) Pas du tout. J’ai passé du temps avec mes amies au soleil. Tout ça a un peu dégénéré.

(P) Tu me racontes? J’ai du temps et ça sonne comme quelque chose d’intéressant.

La lumière tourne et notre piéton apparaît.

(A) Si tu me suis.

Ce qu’il fit.

(A) J’ai baisé un gars, il m’a niaisé, ça m’a fait chier. Au lieu de chialer, j’ai décidé de m’amuser et avec les filles ont a bâti une liste.

Il m’observe attentif et suit mon rythme lent sans s’en plaindre. Ok, rendu là j’ai déjà compris que je ne marche pas avec Beckham, mais reste qu’il est grand mince et que sa petite gueule est inspirante.

(P) Une liste?

(A) Pour se sentir en vie. Une to list de fente mouillée. Une série de fantasmes à réaliser. Il y en a beaucoup, pas loin d’une centaine.

(P) Et tu dois faire tout ça.

(A) Pas toutes, non. On est quatre, on se la partage.

Il me suit toujours, d’un peu plus près, on tourne le coin de ma rue et je vois l’escalier de chez moi.

(A) Tu veux m’aider?

Je ne sais trop ce qui s’est passé dans son cerveau à ce moment-là. Je me demande ce qu’il a pu penser de moi. Mais tout ce que j’en sais c’est qu’il est entré chez moi et que je l’ai déshabillé dans le portique en bas. En moins d’une minute, j’étais à ses genoux encore toute habillée, mais en train de le lécher. Sa queue bandée en plein visage, j’ai touché son corps pour la voir se tendre d’envie. Très vite, elle s’est dressée pour moi. Fière de moi, même saoule j’arrive à faire bander sans trop d’efforts.

Je me dénude entièrement et me retourne vers l’escalier d’entrée. Lui il est là, à me regarder sans parler. Je pose mes genoux dans les marches et je me penche vers l’avant. Mon corps positionné ainsi j’ai non seulement l’air d’une fille facile, mais d’une petite chatte chaude irréfléchie. Je ne sais pas ce qui m’excite exactement là-dedans, mais j’ai chaud en dedans. J’ai le coeur qui palpite, j’ai peur, je ne sais pas trop, mais chose certaine, je me sens vivante. À genoux le cul en l’air prête à me faire enfoncer le corps par un inconnu, j’attends qu’il ait l’audace de prendre la place que je lui offre. Je veux le sentir me pénétrer de sa queue inconnue. Je le veux entre mes cuisses, je veux ressentir le frisson d’excitation d’un nouveau pénis, de sa verge qui m’écarte lentement puis sauvagement et brutalement.

Mais il ne bouge pas. Peut-être aurais-je dû introduire mon sujet, l’embrasser, le caresser un peu plus longtemps. Mais je n’ai aucune envie. Alors, je m’exhibe pour ses yeux, empoignant chacune de mes fesses pour lui exposer ma fente. Je veux lui faire envie, lui donner le goût de me fendre le corps, de me pénétrer et de me faire jouir

(A) Vas-y.

Mon approbation donnée, il trouve enfin le courage de s’approcher de moi.  Je peux sentir son souffle sur ma nuque, ses mains tremblantes sur mes hanches et son excitation posée timidement sur mes fesses.

(P) Tu es certaine? Je… c’est bizarre là. On ne se connait même pas.

(A) Justement. Prends moi.
S’il te plaît.

Je sens enfin sa verge s’introduire, tout juste un peu, tout juste assez pour nous faire frissonner. Je pousse mon corps vers l’arrière et j’insiste de façon à forcer son entrée. Maintenant entièrement en moi, je le sens tout au fond de mon corps. Il ne bouge pas, il reste là, intimidé. Coward.

Alors j’ondule, je tortille sur lui pour me faire plaisir. Son membre gonflé caresse mon fond, je me retire et le reprends moi-même en moi en passant une main sous mon corps pour atteindre ses couilles. J’ai peur de le sentir se ramollir et je n’en ai aucune envie. À genoux comme une chatte, rien qui ne soit rationnel ou qui fasse sens, juste ce qui me tente. Je l’utilise comme bien me semble et j’adore ça. Je me sens puissante au bout de son corps. Même saoule j’arrive à garder mon contrôle et posséder celui de l’autre. Ses boules sont lourdes et dansent dans ma main au même rythme que son membre me pénètre. Il pose enfin ses mains sur mes hanches et les serre brutalement. J’ai le sentiment de l’avoir gagné.

Il se retire et recule. Il s’assoit au sol le corps nu, la verge tendue en l’air et m’attire à lui. Les genoux au sol je m’assois sur lui et rebondi mes fesses à répétition sur le bas de son ventre, m’empalant de sa queue. Il est avec moi maintenant et m’assène de violent, mais délicieux coups. Chaque bardée me le donne plus profondément encore que la précédente. L’excitation a envahi tous mes sens : je frôle l’orgasme. Il me prend la tête et la fait basculer sur son épaule. Son visage contre le mien, c’est bon… c’est tellement bon en dedans.

(P) Je m’appelle Patrick. Et toi?

(A) Noooooonnnn……………………. !


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